Improvisation, confiance et humilité

Voilà plus de deux ans que Lukas Huber est rentré d’une affectation à Madagascar. Son bachelor en génie mécanique de l’EPFZ en poche, il s’était présenté pour effectuer son service civil pour le compte du CEAS.

Spécialisé dans la fabrication de petites éoliennes, il a passé neuf mois à Madagascar. Avec des artisans locaux, il y a développé et installé la première éolienne low-tech 100% malgache : un projet qui promeut l’innovation et contribue concrètement au développement durable. Aujourd’hui collaborateur scientifique à l’EPFL, Lukas Huber revient sur son parcours depuis lors.

A votre retour, vous avez complété vos études par un master, pour finalement être engagé à l’Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne. En quoi votre expérience malgache vous sert-elle aujourd’hui ?
J’en retire énormément dans mon quotidien. Notamment la capacité d’improvisation propres aux malgaches, qui doivent s’adapter chaque jour à des imprévus ou à des retournements de situations. Cela m’a donné beaucoup de confiance. La confiance d’essayer des choses par moi-même, sans attendre une solution parfaite. En Suisse, on a tendance à ne rien tenter avant d’avoir évalué les moindres détails d’un projet, pour toujours viser la perfection. A Madagascar, on apprend en faisant, on commet des erreurs et on réessaye. Je crois avoir aujourd’hui en moi ces deux cultures qui me servent énormément dans mon quotidien de chercheur.

Et quel est le moment qui vous a le plus marqué ?
C’est évidemment le moment où l’on a monté l’éolienne et qu’on l’a érigée en bordure du village. Quelques instants auparavant, le chef du village a sorti un sifflet et s’en est servi pour faire venir de l’aide. En quelques minutes, des dizaines de personnes ont afflué des champs. Ils voulaient tous voir, savoir, toucher, poser des questions. L’excitation a atteint son comble lorsque nous avons redressé le mât. J’ai réalisé à ce moment l’intérêt et l’enthousiasme que déclenchait ce projet et la responsabilité qui reposait sur mes épaules.

Et si vous aviez un conseil à donner à des personnes intéressées par l’échange de personnes ?
Je leur dirais de ne pas hésiter ! On apprend tellement. On doit composer avec des attentes et des responsabilités énormes, tout en respectant la culture et les compétences locales. C’est une école de l’humilité aussi, où l’on doit accepter que nous aussi, on est là pour apprendre.

Propos recueillis par Patrick Kohler, sous-directeur du CEAS


Le Centre Ecologique Albert Schweitzer
Le CEAS est une ONG suisse de coopération technique spécialisée en innovations technologiques qui œuvre à réduire la pauvreté en Afrique par des moyens qui allient économie et écologie. Depuis plus de 35 ans, le CEAS permet à des jeunes femmes et des jeunes gens d’améliorer leurs conditions de vie, grâce à des programmes de recherche et des formations dispensées sur tout le continent. Certifié ZEWO, le CEAS est membre d’Unité - l‘Association suisse pour l‘échange de personnes dans la coopération au développement – et soutenu par la DDC, la Direction du Développement et de la Coopération suisse.