«Les problèmes complexes ont souvent une solution compréhensible, simple, peu compliquée – qui généralement est fausse.»

Cette citation illustre selon moi la législature qui se termine. D’une part, elle correspond au mode de travail du Parlement et du Conseil fédéral, et d’autre part c’est aussi l’approche des populistes.

A l’heure où le populisme a également augmenté en Suisse, il est d’autant plus difficile pour les politiciens d’apporter des réponses à des problèmes complexes. Les solutions durables ne sont en effet pas simples et généralement, elles sont également difficiles à expliquer. Et parce qu’il en est ainsi, la politique de projets est restée sur le carreau lors de cette législature. Il manque toujours une solution durable en matière de prévoyance vieillesse et rien ne semble freiner l’augmentation des coûts de la santé; comme par le passé, les relations avec l’UE ne sont pas réglementées de manière prospective; enfin, les populistes ont semblé se plaire toujours davantage à Berne. Pour qualifier le comportement qui s’est répandu dans la salle du Conseil national et sur les réseaux sociaux, je ne trouve malheureusement pas d’autre qualificatif que « répugnant ».

A mon avis, ce contexte est bien la cause du durcissement de l’accès au service civil. La situation initiale était que l’armée craignait d’avoir un problème de personnel à moyen ou long terme. Il a déjà été démontré quelles solutions sont mises en œuvre ou initiées pour remédier à la situation. Parce qu’il est beaucoup trop tôt, aucun résultat ne peut encore être présenté. Les responsables du personnel dans l’industrie et l’économie peuvent par exemple se familiariser avec le système de milice, la proportion des femmes peut être renforcée, et le bien-fondé mis en avant. En tant que femme qui ai fait moi-même du service militaire et qui me suis engagée dans la protection civile, je sais que ce sont de bonnes approches. Mais elles n’ont pas suffi aux milieux conservateurs au sein du DDPS, du Conseil fédéral et de la classe politique. On a cherché et trouvé une solution simple : l’affaiblissement du service civil, qui est idéale, car facile à expliquer et à démontrer. Il est toutefois évident que cette approche est erronée. Des problèmes complexes ne peuvent pas avoir de solutions simples. Une action en réseau est nécessaire. Trois questions prouvent que l’approche choisie aujourd’hui est fausse.

1. Que se passe-t-il s’il manque des civilistes dans l’entretien des réserves naturelles?

2. Que se passe-t-il dans les maisons de retraite, s’il manque non seulement des professionnels, mais aussi des civilistes?

3. Que se passe-t-il si l’on présente le service civil comme unique bouc émissaire ?

Je suis convaincue qu’il faut réfléchir au système du service obligatoire. Cela permettrait de résoudre les défis actuels de manière durable et sans transférer les problèmes à d’autres. Il me semble donc essentiel qu’en vue de la prochaine législature et des défis à venir, nos futurs élus soient des politiciens de projets. Des personnes qui savent que des problèmes complexes n’ont pas de solutions toutes faite, qui tiendraient en une phrase.

Rosmarie Quadranti est Conseillère nationale PBD du canton de Zurich et membre de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national.