Une large alliance lance un référendum pour sauver le service civil

Mercredi 8 octobre, une large alliance composée d'organisations de la société civile, d'associations concernées et d’établissements d'affectation a annoncé le lancement d'un référendum contre la modification de la loi sur le service civil. Les mesures prévues sont néfastes, inutiles, dangereuses, manipulatrices et illégales. Elles affaiblissent une institution qui soutient notre société et touchent précisément les domaines où le manque de moyens se fait déjà sentir aujourd'hui.

Les mesures de durcissement prévues auront pour conséquence de diminuer le nombre de jeunes pouvant effectuer leur service civil, alors que leur engagement est indispensable à la cohésion sociale.

« Cette réforme pénalise non seulement les futurs civilistes, mais aussi les établissements qui ont besoin d'eux. Les civilistes apportent leur aide dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les crèches ou encore dans les fermes de montagne. Une réduction du nombre de personnes effectuant leur service civil signifie la perte de dizaines de milliers de jours de service au profit du bien commun, ce qui, en fin de compte, pénalise l'ensemble de la société», déclare Sheldon Masseraz, co-président des Jeunes Vert·e·x·s Suisse.

Selon le Conseil fédéral, la modification de la loi sur le service civil devrait réduire le nombre d'admissions annuelles à 4’000. Par rapport aux 6’800 nouvelles admissions actuelles par an, cela correspond à une réduction de plus de 40%.

Andreas Wolf, directeur de la Fondation Économie et Écologie, explique que la suppression de 40% des admissions au service civil dans le domaine de la protection de la nature aura des conséquences désastreuses pour notre société et notre économie : « L'extinction des espèces s'accélérera, ce qui entraînera une nouvelle détérioration de la qualité de l'eau potable, une augmentation du risque d'inondations, une aggravation des effets des canicules, une baisse de la qualité de nos espaces de loisirs de proximité et une diminution de la production alimentaire. »

Maximiliano Wepfer, responsable de la communication politique auprès de la Fédération suisse pour l’accueil de jour de l’enfant (kibesuisse), ajoute : « Les affectations des civilistes contribuent à atténuer les conséquences négatives du manque de personnel et de main-d'œuvre qualifiée dans le domaine de l'éducation et de l'accueil extra-familial. Sans eux, nos membres se trouveraient dans une situation encore plus critique et tendue. De plus, d'après notre expérience, jusqu'à 10% des jeunes hommes qui choisissent les crèches comme lieu d'affectation sont ainsi encouragés à se lancer dans une carrière dans la branche. En d'autres termes, les civilistes ne sont pas seulement là pour pallier les pénuries, ils contribuent à maintenir le potentiel de la main-d'œuvre qualifiée dans des domaines essentiels.»

Le durcissement des conditions d’accès au service civil est non seulement néfaste pour la société, mais aussi inutile, puisqu’il ne résout aucun problème réel.

Priska Seiler Graf, conseillère nationale PS et co-présidente de la Fédération suisse pour le service civil CIVIVA, commente : « Les jeunes militaires qui ont pris la décision de passer au service civil ne se laisseront guère dissuader par ces mesures punitives. Tout au plus, cela conduira à une augmentation du nombre de personnes optant pour la « voie bleue », c'est-à-dire l'exemption pour des raisons médicales. Ces jeunes manqueront alors dans les deux organisations, le service civil, mais aussi l'armée.»

Les mesures prévues affaiblissent une institution qui soutient notre société et touchent précisément les domaines où le manque de moyens se fait déjà sentir aujourd'hui. Fabien Fivaz, conseiller aux États des VERT-E-S suisses et co-président de CIVIVA, ajoute : « Ces restrictions au service civil ne sont qu'une première étape. La suite est connue : réintroduction de l'examen de conscience et, d’ici la fin de la décennie, la disparition définitive du service civil avec l’introduction de l’obligation de servir dans le domaine de la sécurité. Il s'agit là de la « tactique du salami » classique. C'est pourquoi nous affirmons qu'il faut sauver le service civil maintenant ou jamais, et nous refusons que ces mesures soient sous-estimées. »