L’année 2019 a été marquée par le mouvement des jeunes pour le climat. On entend parler de la création d’un «service environnemental». Il a été proposé par Némo Graells. Florian Schweri lui a posé des questions.
Comment vous est venue cette idée ?
Dans le cadre d’une réunion organisée par le journal Le Temps, nous devions apporter des idées pour lutter contre le changement climatique. D’autres propositions ont été présentées : taxe sur l’avion, limitation du plastique à usage unique, de la consommation de viande, baisse des prix des transports publics, … Mais ce sont des idées qui sont soit déjà en cours de réflexion, soit difficiles à mettre en œuvre ; on en parle beaucoup mais on ne sait pas encore ce qu’elles peuvent donner. Mes collègues et moi ne nous reconnaissions pas trop dans ces propositions assez classiques. Nous voulions proposer quelque chose qui aille plus loin que les gestes que nous pouvons faire au quotidien.
Parlons alors de votre idée : comment se présenterait ce service environnemental ?
Nous voulons donner la possibilité aux jeunes d’agir pour le climat. Ce service pourrait inclure des actions comme participer au ramassage et au tri des déchets, apporter de l’aide aux agriculteurs locaux ou aux jardins communautaires, aux quartiers durables, etc. Cet engagement proposerait de nombreuses actions possibles et serait ouvert aux hommes comme aux femmes, qui choisiraient librement de servir à l’armée, au service civil ou au service environnemental. Le but d’ouvrir ce service aux femmes n’est pas dans le sens d’une « punition » du type « si vous voulez l’égalité ailleurs, il la faut aussi par rapport au service obligatoire » ; nous le voyons plutôt comme une opportunité de faire avancer l’égalité des sexes en réalisant l’égalité dans le plus grand nombre de domaines possible.
Comment votre idée a-t-elle été accueillie par les gymnasiens ?
Nous avons d’abord proposé cette idée à notre classe et nous n’avons eu que des retours positifs, tant de la part des hommes que des femmes. La plupart des femmes à qui j’ai proposé l’idée étaient assez partantes ; j’ai rarement eu des avis négatifs par rapport à l’aspect d’obligation de servir pour les femmes. Ensuite, après avoir proposé l’idée au journal Le Temps, nous avons vu qu’elle suscitait un intérêt. Nous avons eu la chance que les médias s’intéressent à cette idée et nous avons alors décidé de développer un peu plus le concept.
Et par les politiques ?
Un journaliste du «Temps» a publié un article sur notre projet et, dans ce cadre, il a demandé leur avis à quelques politicien-ne-s. Dans l’ensemble, les avis étaient plutôt positifs même si nous avons eu quelques remarques concernant une possible concurrence avec des entreprises privées actives dans le même domaine. On nous a également suggéré d’inclure notre idée dans le cadre du service civil sans créer une institution à part. Dans le cadre de mon travail de maturité, sur un autre sujet, j’ai également interviewé quatre jeunes politiciens, auxquels j’ai aussi présenté l’idée. Trois y étaient assez favorables.
Le service civil propose des affectations dans le domaine de la protection de l’environnement. Pourquoi ne pas y intégrer votre projet ?
Ce serait une possibilité, il y a des domaines qui se recoupent, mais nous trouvons que les informations que les jeunes ont sur le service civil sont trop vagues. Et le service civil est désavantagé par rapport au service militaire, à cause de sa durée. Le but du service environnemental est de pouvoir choisir clairement de s’engager en faveur de l’environnement et que la durée soit la même que celle du service militaire.
Comment vous positionnez-vous par rapport à l’initiative Service citoyen ?
J’ai rencontré le co-président de l’initiative. Notre idée de service environnemental va plus loin puisqu’il s’agit d’une nouvelle institution. Mais l’initiative mentionne l’environnement et veut ouvrir l’obligation de servir à de nouvelles catégories de personnes, ce qui est également un pas que nous souhaitons faire. Je trouve donc que cette initiative va dans la bonne direction.
Au-delà de cette idée, êtes-vous engagé en politique ?
Je m’intéresse beaucoup à la politique et je m’engage pour mes idéaux, je vais voter, mais je ne suis pas membre d’un parti.
Nemo Graélls a 18 ans et est élève du lycée français de Bienne.