Rien à craindre d’un référendum

Commentaire de Ruedi Tobler

En 1996, l’introduction du service civil avait déjà été un vrai coup dur pour les militaristes convaincus. Alors forcément, avec une admission qui se contente depuis avril 2009 de la preuve par l’acte, c’en est vraiment trop et depuis, ils ont tout essayé pour faire machine arrière. Mais dans les faits, leurs tentatives d’enrayer le développement du service civil n’ont encore rien donné. Où en sommes-nous aujourd’hui, suite à la consultation et au message du Conseil fédéral sur la révision du service civil?

Fausse interprétation
La consultation est une procédure qui doit servir à clarifier en amont d’un projet législatif quelles sont les réactions des divers acteurs concernés dans la société, afin d’éviter une proposition inutile ou un éventuel échec. Lors de la consultation concernant la loi sur le service civil, cette procédure se transforme toutefois en son contraire et sert à étayer un projet idéologique, sans la moindre préoccupation de la part des idéologues militaires pour le consentement d’une majorité de la population.
Malgré le refus massif de plus de 150 organismes contre seulement 40 avis favorables lors de la consultation, le message transforme la consultation en une déclaration clairement favorable, invoquant le «poids des participants» pour donner le plus gros poids aux cantons, tout en ignorant les clivages.
Il faut souligner aussi que les établissements d’affectation n’ont pas été inclus, un signal clair de manque de reconnaissance pour leur engagement en faveur de la société. Le canton de Zurich est quant à lui tout simplement compté parmi les adhérents, alors que dans sa prise de position très brève, il ne soutient que la mesure 1 (min. 150 jours de service ndlr), et fait sinon part de sa réserve en déclarant que pour les autres mesures, il faudrait démontrer plus clairement que celles-ci permettent de mieux respecter l’équivalence entre le service militaire et le service civil.
Par conséquent, il faut espérer que les Chambres fédérales sachent noyer ce projet raté. Compte tenu de l’imminence des élections fédérales, c’est assez peu probable, mais cela ne doit pas nous rendre pessimistes. Comme l’a montré la consultation, le service civil bénéficie d’un large soutien, et nous n’avons rien à craindre d’un référendum, qui nous donnerait même la chance de montrer une fois pour toutes aux militaristes toujours en retard d’une guerre, qu’à l’avenir il ne saurait être question d’attaquer le service civil de la sorte.

Version raccourcie d’un texte paru dans le journal «Friedenszeitung» (mars).